Aurillac (Cantal). Classe de 29 jeunes filles de l'école Paul-Doumer en 1943

25/11/2024 au 31/01/2026

Connaissez-vous des jeunes filles de l'école Paul-Doumer d'Aurillac (Cantal) en 1943 ?

Durant la Seconde Guerre mondiale, les écoles d’Aurillac ont accueilli des élèves d’Aurillac et du Cantal, 

mais aussi dont les parents étaient originaires du Cantal, qui vivaient dans des zones à risques et qui souhaitaient les protéger en les envoyant à Aurillac, 

ou encore qui étaient réfugiés, seuls, avec des frères et sœurs et/ ou avec leurs parents.

Le décryptage de cette simple photo de classe de l’école Paul-Doumer à Aurillac, d’un groupe de 29 filles, prise en 1943 (année scolaire 1943-1944), semblable à des milliers d’autres photos, peut montrer toute la diversité des parcours, logiques ou chamboulés, si l’on prend la peine d’en identifier les jeunes filles. Plusieurs classes d’école primaire sont représentées, apparemment sans fillette de la maternelle.

Cette école avait deux entrées. L'école élémentaire (primaire) se trouve aux 93-95 avenue de la République.

La maternelle est rue Jeanne-de-la-Treille à Aurillac, perpendiculaire à l'avenue de la République, dans le quartier de la Patte-d'Oie, dominé par le monument dédié à Paul Doumer, président de la République, né à Aurillac le 22 mars 1857, victime d'un attentat, à Paris, le 6 mai 1932, et mort des suites de ses blessures, le 7 mai 1932. 

Reconnaissez-vous une ou plusieurs de ces jeunes filles ?  Si oui, envoyez les renseignements à Manuel Rispal. 

3, lieu-dit Laslaudie. 

15130 Ytrac (France)

ou mail : manuel.rispal@orange.fr

Les numéros que nous avons rajoutés visent à une identification la plus rigoureuse possible.

Les jeunes filles pourraient être issues des classes de CP (ex-11e) jusqu’au CM2 (ex-7e). Leurs dates de naissance pourraient donc commencer à partir de 1930. Les plus âgées survivantes auraient 94 ans. 

Pour certaines, la mémoire est encore solide et il faut profiter de leur présence pour qu’elles racontent leur parcours individuel, qu’elles identifient d’autres élèves, qu’elles donnent le nom de leur enseignant(e). A quelles adresses vivaient-elles ?

Et qui étaient les têtes de classe ? Comment se sont passées les vacances scolaires (Noël, Pâques, etc.) ? Et quels souvenirs ont-elles des dernières semaines de l’année scolaire, en mai-juin-juillet 1944, avec la Das Reich à Aurillac (début juin 1944), et la « libération » d’Aurillac (10-11 août 1944) ? 

Des élèves présentes sur la photo sont-elles parties en cours d’année scolaire ? Avez-vous eu des informations sur leur destination ? En fonction des réponses, nous pouvons approfondir certains parcours, car cette photo apparemment anodine est un élément de puzzle de l’histoire de France, dans toute sa diversité.

De plus, cette école se trouve dans le quartier de la gare d'Aurillac. Des cheminots se sont engagés dans la Résistance. Les domiciles des jeunes filles pouvaient se trouver dans le haut de l'avenue de la République, dans les avenues Milhaud, du Quatre-Septembre, de la Liberté, des Pupilles-de-la Nation, dans les rues de la Gare, Jeanne-de-la-Treille, Francis-Fesq, Charles-Gide, de Bel-Air, Emile-Zola, Jean-Hérault, Raymond-Bastid, Joseph-Cabanes, François-Maynard, Cazaud, du Général-Destaing, des Carmes, ...

Pistes pour les institutrices

Ecole élémentaire (primaire), côté 93-95 avenue de la République

En 1936, trois institutrices logeaient à l'école élémentaire des 93-95 avenue de la République à Aurillac.

Rosalie Jeanne Gout. – Rosalie Jeanne Gout est née Escourrou à Sorèze (Tarn), le 30 mai 1883.

Marthe Joséphine Marceline Clermont-Mauranne. – Marthe Joséphine Marceline Mauranne est née Clermont à Aurillac, le 10 janvier 1890. Elle est décédée à Massiac (Cantal), le 23 août 1956. Elle se marie à Molompize, le 30 mars 1910, avec Alfred Mauranne (25 mai 1885, 15-Massiac - 30 mars 1947, 15-Massiac). Au moment du mariage, il était instituteur à Molompize et Marthe sans profession. Durant l'année scolaire 1910-1911, tous les deux sont instituteurs publics.

Après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle Alfred est blessé, le couple est en poste à Massiac. En 1921, ils y vivent avec leurs trois enfants :

Juliette, née à Aurillac en juin 1911. Alfred est instituteur à Molompize et Marthe à Talizat ;

Renée, née à Aurillac en décembre 1914. Alfred est soldat au 339e RI et Marthe institutrice à Allanche ;

et Pierre, né à Aurillac en août 1919. Les parents sont instituteurs publics à Allanche.

Quand ils étaient à Massiac, une autre institutrice, Adélaïde Chambonnière (1882-1973), était mariée à Eugène Bizeau (1883-1989), vigneron. Il était prénommé Max au recensement de 1921, mais c’était le prénom de leur fils, né à Massiac en 1918. Eugène était également poète et chansonnier anarchiste. Il a écrit un poème, Les Petits Pierrots, dont Marthe Clermont-Mauranne a composé la musique. Patrick Bec a connu Eugène Bizeau. Les trois instituteurs sont fondateurs du syndicat des instituteurs du Cantal.

En 1943, Marthe Clermont-Mauranne avait cinquante-trois ans.

Marie Marguerite Colthégeol-Gibiard. – Marie Marguerite Gibiard est née Colthégeol à Vareilles de Moussages (Cantal), le 17 décembre 1882.

En 1946, également trois institutrices.

Marie Bonhomme. – Marie Bonhomme est née en 1892.

Antoinette dite Gabrielle Buisson-Duverny. – Antoinette dite Gabrielle Duverny est née Buisson à Aurillac, le 28 février 1893. Elle est décédée à La Verrière (Yvelines), le 6 novembre 1980.

Marie-Louise Gaillard-Bec. – Marie-Louise Bec est née Gaillard au Mont de Saint-Martin-Cantalès (Cantal), le 13 novembre 1900. Elle est décédée à Aurillac, le 23 décembre 1986.

Elle était institutrice à Aurillac, de 1941 à 1955.

Patrick Bec, lui-même instituteur retraité, est un petit-neveu de Marie-Louise Gaillard-Bec.

Elle s'est mariée, le 15 décembre 1923, à Saint-Martin-Cantalès (Cantal), avec Jean Marie Frédéric Bec (1894-1963), qui était alors instituteur à Faverolles (Cantal) tandis que Marie-Louise était institutrice à Montchanson de Faverolles.

Les mariés Frédéric Bec et Marie-Louise Gaillard, le 15 décembre 1923. La photo a été prise devant une maison au toit de chaume qui est celle du Mont de Saint-Martin-Cantalès, maison natale de Marthe. © Archives photographiques de Patrick Bec, que nous remercions.

Frédéric et Marie-Louise Bec ont été instituteurs à Paul-Doumer à partir de 1941. Marie-Louise Gaillard-Bec était une des institutrices présentes en 1943-1944, à Paul-Doumer.

Frédéric Bec, de la classe 1914, a participé à la Première Guerre mondiale, du 5 septembre 1944 jusqu'à sa démobilisation, le 7 septembre 1919, dans l'artillerie. Il est intoxiqué par gaz.

Il reçoit une citation, le 3 décembre 1918 : "S'est distingué par son courage et son dévouement comme maître-pointeur, sous Verdun en 1916, sur la somme en 1916, devant Saint-Quentin en 1917, au bois d'Esnes (Nord, forêt de Hesse) en 1917, et comme brigadier sur la Marne en 1918. Comme marcéchal des logis, a été un chef de pièce modèle. Le 10 octobre 1918, pendant l'offensive sous Vouziers (Ardennes), sa batterie étant soumise au feu ennemi, a maintenu l'ordre et assuré ainsi l'exécition d'un tir important."

A partir de la rentrée 1935-1936, Frédéric et Marie-Louise Bec sont instituteurs publics à Saint-Martin-Cantalès. Ils sont en poste à Aurillac à partir de la rentrée 1938-1939, et ont un logement rue Charles-Gide.

Ecole maternelle, côté rue Jeanne-de-la-Treille

Nous donnons ces informations car, en supposant que beaucoup des 29 jeunes filles sont passées par la maternelle Paul-Doumer, elles ont pu avoir une de ces institutrices.

En 1936, trois institutrices logeaient à l'école maternelle, côté rue Jeanne-de-la-Treille. 

Elisa Puech-Teulade. – Elisa Teulade, née Puech à Omps (Cantal), le 1er août 1888. 55 ans en 1943.

Compte tenu que son mari, Firmin Teulade (employé « Paris-Orléans » à la gare), ses quatre enfants et son beau-père logeaient à Paul-Doumer, nous supposons qu’elle occupait le logement de fonction de la directrice. En comparant avec le recensement de 1946, il apparaît que ce logement a dû être occupé, à partir de 1939, par le couple d’instituteurs Léon et Marguerite Combelles (voir le recensement de 1946), qui devaient se partager les directions d’école primaire et maternelle. Donc Elisa Teulade avait eu une autre affectation et n’était pas institutrice en 1943 à Paul-Doumer.

Albertine Eyrignoux-Rouquier. – Albertine Rouquier, née Eyrignoux à Giou-de-Mamou (Cantal), le 15 novembre 1887. 56 ans en 1943. Elle est décédée à Aurillac le 18 septembre 1974. 

Jeanne Douel-Hausse. – Jeanne Hausse, née Douel à Cléry-le-Petit (Meuse), le 12 juin 1885. Elle avait 58 ans en 1943. Elle est décédée le 15 décembre 1966 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Le recensement de 1946, dix ans plus tard (trois ans après 1943) donne un complet changement des institutrices.

Marguerite Guibert-Combelles. – Marguerite Combelles, née Guibert à Lapeyrugue (Cantal), le 8 avril 1893. Elle était directrice de l’école maternelle Paul-Doumer depuis 1939. Elle avait 50 ans en 1943. Elle est décédée le 13 janvier 1976 à Cassaniouze (Cantal).

Son mari, Léon Combelles, né en 1894, était également instituteur à l’école Paul-Doumer en 1946.

Marie Louise Bonnot-Romeuf. – Marie Louise Romeuf, née Bonnot à Laroquebrou (Cantal), le 23 novembre 1899. Elle avait 44 ans en 1943. Elle est décédée à Royat (Puy-de-Dôme), le 8 septembre 1993. 

Marie Léontine Sophie Capmau-Vignal. – Marie Léontine Sophie Vignal, née Capmau à Ladinhac (Cantal), le 11 avril 1896. Elle avait 47 ans en 1943. Elle est décédée le 24 juin 1988 à Aurillac.

Sources : AD Cantal et Meuse, 1936 et 1946. Nombreux états civils naissance et mariages Cantal et Meuse. Matricules militaires et recensements.

© Texte Manuel Rispal. Photo Gay et Siby. Cléry-Frontenex (Savoie), 1943. Infographie Manuel Rispal (25/11/2024). Mis en ligne le 25/11/2024. Modifié les 17/12/2024, 20/12/2024 et 23/12/2024.